Y’a du déchet dans l’air…

Attention:  cet article date du 16 septembre 2005
Ce qu'il contient est peut être encore valable...
... ou complètement obsolète!

Quand les courses d’alimentation et la lecture d’un livre se rejoignent, me voici à parler de ma vie, et des ordures (mais pas que des miennes, on élargira à l’Europe). Peu important d’ailleurs l’origine de la réflexion (même si…).

Les chiffres sont là pour le confirmer et soulever le loup : l’informatique pollue. La principale cause est sans doute le déchet informatique massif, mais on peut élargir à la consommation électrique excessive ou aux chaleurs dégagées contribuant au réchauffement de la planète…

Petite réflexion, donc, sur la pollution des DEEE (ou D3E, les déchets électriques et électroniques), surtout ceux informatiques (je suis moins à l’aise pour parler de la pollution des fers à repasser, même s’il va falloir que j’en change prochainement).

Vie quotidienne et intimité dévoilée…

Tout à l’heure, j’ai fait quelques courses alimentaires (ma femme vous le confirmerais : la chose est assez rare pour être notée – ma ressemblance avec Colombo s’arrêtant là). Entre les traiteurs et leurs barquettes énormes pour deux malheureuses brochettes perdues dans tout ce plastique, les mêmes traiteurs et la profusion de sacs plastiques (car chaque barquette est mise individuellement dans un sac plastique, des fois que la barquette ne soit pas étanche et que la sauce coule), et les caisses où l’on trouve une pile de sachets plastiques également en libre service, mon cabas ne m’a guère servi que symboliquement. Toutes les boutiques ne sont donc pas encore bien impliquées à ce niveau là, et non je ne donnerais pas le nom de l’hyper en question. Le fait est que les sachets plastiques servent de sacs pour la poubelle de notre salle de bain, et c’est bien pratique car de juste dimension, mais là n’est pas la question.

Je ne sais par quelle connexion de neurones, cela m’a fait repenser à un livre que je feuilletais ce matin en prenant mon café, et dont un paragraphe retraçait l’épopée du Minitel. Pour ceux qui ne s’en souviennent plus, c’était cette machine distribuée gratuitement et à large échelle par un dinosaure des télécoms pour nous servir d’annuaire (gratuit) et d’outils d’achat en ligne (payant, faisant les grandes heures de la VPC) – plus quelques applications pour adultes qui ont fait la fortune de ce même dinosaure, et de nombreuses sociétés dont certaines se sont reconverties aujourd’hui dans l’Internet (mais elles ne le disent pas).

Ma réflexion donc, a porté des sachets plastiques (qui sont polluant), aux Minitels (dont France Telecom a royalement fait cadeau à ses abonnés). Cadeau, certes, mais une fois qu’ils ne nous servaient plus à rien – charge à nous, donc, de s’en débarrasser. Comme les sacs plastiques, et on s’en doute bien, tout Minitel plongé dans une poubelle a tendance à remonter à la surface – entendons par là, polluer. Et indirectement, FT n’est pas pollueur, puisque ce sont les particuliers qui jettent, CQFD.

Par extension, et voilà où je voulais en venir, m’est revenu à l’esprit la loi nouvelle sur le retraitement des déchets électroniques. Car, depuis le samedi 13 août 2005, l’Europe (et donc la France) se doit de s’occuper de ses déchets électroniques. Et on en parle pas beaucoup.

Parlons chiffres

Libération du 8 juin 2005, énonce un chiffre impressionnant : chaque Européen génère en moyenne 16 kg de déchets électriques et électroniques par an, soit un total de 6 millions de tonnes. Par tête d’européen ; cela fait 6 millions de tonnes, donc.

Décision Informatique du 1 juillet parle lui de 13 kg par an et par habitant, pour l’Europe.

L’Humanité du 30 juillet parle de 28 kg par habitants, mais ne compte que la France.

Silicon.fr, du 18 août : selon une publication du ministère de l’Environnement et du Développement durable, on estime que chaque Français produit par an 14 kg de déchets de ce type !. Moitié moins que dans l’Humanité ? Allons, ne dérivons pas dans la médisance de bas étages, qui parlerait de minimisation de problèmes lorsque la source est une source officielle…

De toutes manières, les chiffres, on le sait, ont des limites. Mais quelque soit ceux que l’on retient, on se rend compte que cela fait beaucoup. Trop, surtout quand tout ça pollue allègrement. Toujours selon Libé, si on incinère nos 6 millions de tonnes de D3E, cela rejette chaque année 36 tonnes de mercure et 16 tonnes de cadmium, plus quelques polluants organiques toxiques. Et l’Humanité d’enfoncer le clou : ce chiffre connaît une croissance annuelle de 3 à 5% (et cite d’ailleurs certains autres produits rejetés : plomb, mercure, chrome ou retardateurs de flammes bromés… On ne sait pas ce que c’est, mais ça paraît sale).

Il faut dire que cela va vite.

Imaginons que l’on veuille changer, comme cela m’est arrivé il y a peu, l’écran cathodique de son ordinateur (un vieux 19 pouces bien agréable, de 20 kilos), pour un écran plat de même dimension (encore plus agréable, et tellement moins encombrant – de 6 kilos), et je suis déjà hors quota. Sans avoir changé de télé, de magnétoscope, ou de frigo…

Revenons à la loi, que dit-elle ? Les vendeurs d’équipements ménagers électriques ou électroniques devront désormais proposer à leurs clients la reprise de leurs vieux appareils. Les producteurs participeront au financement de la collecte des déchets électriques qui incombe aux communes et aux groupements de communes. Joli, non ?

De la course à la production de D3E

On peut se poser la question de savoir pourquoi on est obligé de changer le matériel. Car, évidemment, changer le matériel informatique entraîne la production de polluant, forcément.

Mon écran fonctionnait toujours. Certes, il datait un peu, consommait beaucoup plus, et dégageait plus de chaleur que le nouvel écran plat, lequel est donc un peu moins polluant pour l’environnement.

Renouveler son parc est une obligation, car les logiciels sont de plus en plus puissants, demandent de plus en plus de ressources et… As-tu, internaute lambda qui me lit, vraiment besoin du dernier traitement de texte avec XP marqué dessus, ultra rapide car avec une machine à hyper processeur supra cadencé, toi qui tape avec deux doigts à 3 mots minutes ? Est-ce que la machine précédente, tout aussi rapide quand on y pense un peu, ne remplissait pas la même tâche aussi bien ?

Soit. Il y a un effet Hype a avoir le dernier jouet électronique qui tue, plus vite que l’ombre du précédent jouet. Mais bon, moi qui vous parle, il m’arrive de changer le processeur de ma carte mère, de rajouter un peu de barrette mémoire, et je booste la machine pour quelques années (et quelques grammes de déchets). Ok, il faut savoir enficher un brochage mâle dans un circuit femelle, ce qui est à la portée des enfants de 3 ans avec leurs petites briquettes en plastiques (!) de toutes les couleurs… C’est un peu plus compliqué, mais à peine.

Réfléchissons deux minutes… Il n’y a pas que la pollution par la poubelle.

Certains particuliers sont adeptes de Peer 2 Peer. Si. Vous savez, ces réseaux d’échanges de musiques, films, logiciels plus ou moins piratés (plutôt plus que moins, d’ailleurs). Le P2P c’est du partage, cela prend du temps. Et cela implique de laisser les logiciels tourner toute la journée, toute la nuit. Tout le temps. Et donc les ordinateurs, les écrans, routeurs, modems, imprimantes, scanners restent allumés. Certains particuliers seraient donc bien inspirés d’éteindre les périphériques inutiles (écrans, imprimantes, scanners…) lorsqu’ils pirat… euh… partagent.

En entreprise ? Tiens, soyons joueurs…

  • C’est la pause déjeuner, je laisse mon ordinateur
    1. en veille ?
    2. allumé ?
    3. éteint, même si je dois perdre 30 secondes pour le remettre en route à mon retour, c’est à dire moins de temps qu’il me faut pour aller chercher mon café à la machine du même nom et causer du match de foot avec les collègues ?
  • Il est 19 heures
    1. je laisse mon ordinateur en veille pour la nuit, car c’est la nuit qu’on veille,
    2. je le laisse allumé car je m’en moque c’est l’entreprise qui paye l’électricité,
    3. j’ai un comportement citoyen et j’éteins mon ordinateur, ainsi que la lumière, le ventilateur, la clim… ?
  • C’est le week end
    1. gna gna ça polue,
    2. gna gna ça polue aussi, voire plus,
    3. j’éteints tout le bazar.
  • Je suis administrateur réseau ?
    1. je planifie les mises à jour antivirus à 23h37, obligeant les utilisateurs à laisser leurs machines allumées toute la nuit ?
    2. je planifie aussi les mises à jours Système de préférence le dimanche matin pour les obliger à ce que ça tourne aussi le week end ?
    3. je fais ça à l’allumage de la machine, obligeant les utilisateurs à allumer la machine (et donc l’éteindre) ?

Si vous avez un maximum de (c) … vous avez compris où je veux en venir – c’était pas sorcier, et on peut se poser de nombreuses autres questions du même genre.

Et tiens, puisque le 01 informatique du 16 septembre vient de m’arriver, autant citer un chiffre qu’il donne. La France est un mauvais élève : 16% des impressions sont inutiles (c’est à dire, 1 page sur 6 part à la poubelle sans avoir été lue). Les arbres sont donc victimes d’un gaspillage annuel de 400 millions d’euros (même si en terme d’arbres l’argent ne fait pas tout, cela représente quand même un gaspi monstrueux).

Conclusion

Dans ma rue, il y a un pilier entre deux arches. C’est plus ou moins devenu une zone de retraitement des déchets électroniques. Par une magie qui m’étonne toujours, on y voit pointer régulièrement des télévisions, des vieux écrans, des trucs électro machins. Par la même magie, ils disparaissent moins d’une heure après y être apparus, et dans tous les cas avant le passage des encombrants. C’est magique, mais sans doute pas une solution très écologique.

Ah tiens, mon écran 19 pouces de 20 kilos, je l’ai revendu sur un site Web d’enchères. Une vingtaine d’euros, c’est pas énorme, mais il n’ira pas tout de suite à la benne. Et puis, cela m’aura payé mes brochettes (dans leur barquette traiteur en plastique), et mon café. Pour le livre, il aurait fallu que je vende autre chose…

Dernier retour sur ma vie quotidienne et palpitante : je vais changer de PDA (qui date de 5 ans, 148 grammes), mais je garde l’ancien. Uniquement par nostalgie ?

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